HERMÈS CARRÉ CLUB FAIT ESCALE À PARIS ET NOUS IMMERGE DANS SON ART DU DESSIN



Savoir prendre le temps de la création : un savoir-être encensé chez Hermès. Rencontre avec Christophe Goineau, directeur de création de la soie masculine.

la journaliste stéphanie bui de the daily couture publie un article sur hermes carre club

 

a journaliste stéphanie bui de the daily couture publie un article sur hermes carre club
CARRÉ 100 AAAAARGH! EN CACHEMIRE ET SOIE, automne hiver 2019-2020. Un T-Rex en très gros plan, mâchoires entrouvertes, observe d’un oeil attentif. Ce monstre échappé d’un film ou d’un musée, dessiné par Alice Shirley, vient enrichir le bestiaire des carrés Hermès.® Studio des Fleurs.
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CARRÉ 140 HIGH FLYER EN CACHEMIRE ET SOIE, automne hiver 2019-2020. Ce carré géant invite à s’envoler au sommet des montagnes, aux commandes d’un hélicoptère dessiné par Dimitri Rybaltchenko. Dans le cockpit figurent un carnet en cuir et un grigri de sac Hermès® Studio des Fleurs.

« Ici, vous avez tout : la force, la beauté et la dignité du carré. C’est le dessin », déclarait, en ouverture d’Hermès Carré Club, jeudi dernier, Pierre-Alexis Dumas, le petit-fils du créateur du carré Hermès. Jusqu’au 8 décembre, au Carreau du Temple, le public est invité à célébrer l’iconique carré créé en 1937 par Robert Dumas, et réinventé sans cesse depuis trois générations par des membres de la famille Hermès. Le carré est né « des liens extraordinaires avec des dessinateurs, des illustrateurs, des artistes peintres, des graphistes », poursuit-il, inspiré. Et c’est cette « relation heureuse toujours basée sur l’émerveillement, sur un travail qui fait sens, sur la liberté de création, et sur les permutations infinies sur le carré » que la maison souhaite partager avec les visiteurs. L’événement veut « parler du métier » par « le regard du dessin et de la fête ». Et le carré pour homme, confié à Christophe Goineau, directeur de création de la soie masculine, fait partie de la fête.

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Christophe Goineau, directeur artistique de la soie masculine, Hermès. photo Fernando Marroquin

Comment abordez-vous la création du carré au masculin ?

C’est un univers que j’essaie de rendre le plus différenciant possible. Nous avons le carré pour femme qui, pour moi, est la grande sœur avec son histoire et son identité. Il y a une dizaine d’années, quand nous avons commencé à réfléchir le carré avec Véronique Nichanian (directrice artistique de l’univers masculin d’Hermès), nous avons essayé de repartir un peu à zéro, tout en préservant ses attributs.

Quels sont les fondamentaux du carré Hermès pour homme ?

Nous nous sommes rendu compte que pour l’homme, il fallait une pièce assez simple. Nous avons donc repensé la taille du carré, avec un format d’un mètre sur un mètre. Le nœud n’est pas donc nécessaire. Le foulard tient par le poids.  Après, je voulais une matière qui soit plus mate : peut-être sans soie, ou une soie travaillée d’une certaine façon pour un rendu plus mat. Je me suis alors concentré sur des mélanges de matières : cachemire et soie, coton et lin entre autres. Il y a toujours un peu de soie, mais très mélangée pour mâtiner le tissu. Après cela, il y a le dessin. Je m’étais fixé des règles, comme celle de penser au style de vie d’un homme en 2019. Je m’inspire plutôt des hobbies qui parlent à l’homme. Ça peut être le sport ou la mécanique, par exemple.

Comment abordez-vous la question de la mixité des genres, du no gender ?

C’est vrai que cette question du genre est très importante. Je pense que la fusion des deux est intéressante, mais nous laissons la liberté aux clients. C’est aussi une démarche très Hermès de laisser la liberté aux gens, à l’instar de nos directeurs de boutique qui sont libres d’acheter ce qu’ils souhaitent. C’est ça qui est intéressant. Nous ne cherchons pas à gérer cette question. Nous avons toujours une pensée un peu différente : nous essayons de créer de très beaux produits qui plairont à des clients qui vont les acheter. Je ne regarde pas ce qui plait ou ce qui ne plait pas. Nous nous inscrivons dans une démarche de création, ce qui signifie offrir davantage de possibilités de s’approprier des carrés qu’ils soient originellement conçus pour femme ou homme. La notion du carré pour homme ou femme se manifeste surtout par la couleur. Avec Hermès Carré Club, nous parlons du dessin, mais c’est un élément parmi d’autres comme la taille, le format  – le carré peut être en losange, rond ou rectangulaire –, la matière et la couleur.

Vous insistez sur le travail de la couleur…

Aujourd’hui, je pense que la couleur est l’élément déclencheur du choix du carré.  Quand la clientèle vient chez Hermès, elle a envie d’un élément flash. Si  c’est un homme, il est susceptible de choisir un carré pour femme sans en être gêné. De même, après avoir porté des carrés plutôt flash, une femme peut avoir envie d’une palette ton sur ton – je travaille énormément sur les camaïeux qui me passionnent, et les bleus que j’adore. Donc le décloisonnent des genres, c’est la clientèle qui le fera, ce n’est pas nous. Ça laisse plus de possibilités. Il m’arrive de porter un carré coloré originellement pensée pour la femme. Ça ne me dérange pas. Et parfois, lors du travail avec les dessinateurs, je me pose la question : « est-ce que ce carré pourrait être intégré à la collection femme et à la collection homme ? » Si la réponse est « oui », je ne retiendrai pas le carré, parce que j’essaie de créer une pièce très genrée masculin pour que, justement, à la boutique, les gens puissent échanger et dégenrer les créations. Beaucoup de femmes achètent des carrés pour homme et, inversement, des hommes achètent des carrés pour femme. Avoir une vision du carré est ce qui est intéressant. Comme le dit Pierre-Alexis Dumas : « Le carré, c’est une vision », et nous avons développé une vision en parallèle de celle de notre grande sœur, le carré pour femme. Nous avons une identité très forte et très précise. On reconnait un carré Hermès, mais on reconnait aussi un carré pour homme. C’est assez clair.

Comment travaillez-vous avec les dessinateurs ?

L’idée d’Hermès Carré Club est de montrer effectivement comment nous travaillons avec les dessinateurs, aussi parce que les gens ont toujours cette impression que nous réalisons tout en interne. Tous nos dessinateurs sont freelance, issus de milieux très différents. Par exemple, j’ai découvert le travail de Daiske Nomura, présent sur Hermès Carré Club, sur internet, lors d’un concours organisé par Designboom, en 2009. Son travail sur la cravate, horse zombie, n’avait pas été retenu – impossible à réaliser en cravate, mais comme nous l’avions trouvé très intéressant, nous lui avions décerné le prix de l’audace pour les cravates Hermès. Et du coup, nous lui avions dit : « Si tu veux dessiner un carré : bienvenue ! » Quelques mois plus tard, il nous a proposé des créations, et nous avons commencé à travailler ensemble. En somme, il y a trois façons de travailler avec un dessinateur : nous rencontrons des graphistes ou illustrateurs que je repère lors événements divers comme les expositions ou les rendus de projets de fin d’études. La deuxième façon, ce sont des personnes qui viennent spontanément à moi. Il y en a beaucoup, mais je les reçois toujours, alors peut-être pas physiquement, mais je reçois les dossiers : parce qu’on n’est jamais à l’abri d’une bonne idée. Et la troisième façon de travailler avec les dessinateurs, et que j’aime beaucoup, c’est le « by chance », c’est le hasard quand quelqu’un me dit : « Tu devrais voir ça ! » ou lorsque j’ai croisé un potentiel futur dessinateur pour le carré pendant une soirée. En fait, chez Hermès, nous avons encore la possibilité et la liberté de travailler ainsi, à savoir prendre le temps de voir et se dire : « Ah oui, c’est génial, j’ai vu et j’ai envie de faire ça, et on s’extasie devant une création, et on y va ! »

Prendre le temps de la création s’avère clé…

Laisser place à la rencontre avec les dessinateurs est hyper importante car elle privilégie la qualité de la création qui s’ensuivra. Je le vis sincèrement ainsi. Je prends beaucoup de plaisir à travailler avec les dessinateurs, et ça se ressent. Ils essaient de faire de leur mieux pour Hermès, et nous essayons d’être le plus fidèle possible à leurs créations. Nous travaillons ensemble, et nous sommes contents. Et ça, la clientèle le ressent, j’en suis persuadé.

Propos recueillis par Stéphanie Bui

Interview publiée le 4 décembre 2019.

Le site d’Hermès Carré Club pour réserver sa visite.

 

 

 

 

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