Des métiers d’exception à la portée du grand public : c’est la mission de l’Ecole des Arts Joailliers, située Place Vendôme. Un lieu d’exception dédié à l’esprit de la joaillerie où the Daily Couture accueillait, à Paris, le 13 juin dernier, un groupe d’universitaires américains parcourant le monde au fil de rencontres professionnelles au sein d’entreprises reconnues. Ce jour-là, c’est dans l’Ecole des Arts Joaillers soutenue par Van Cleef & Arpels que les participants feraient l’expérience de la spécificité du luxe patrimonial français. Au programme : je soulevais certains enjeux de l’industrie du luxe en France avec le focus cher au Daily Couture : sensibiliser à la spécificité de l’écosystème des métiers d’art, au besoin de les préserver et transmettre des savoir-faire portés par les métiers innovants porteurs d’un sens certain à l’heure où les entreprises s’engagent dans enjeux du développement durable. Une industrie passionnante, en pleine mutation, le yeux rivés sur l’innovation avec un regard nouveau esquissant les prémices d’une culture nouvelle dans le secteur – un changement de paradigme à l’oeuvre. Car, il s’agit, rappelons le, de cultiver le leadership de l’industrie française de la mode et du luxe dans le monde, et pour l’économie française, devant l’aéronautique et l’industrie automobile.
Puis, vint le temps d’apprécier l’univers des bijoux, riche d’histoire et d’un langage prolixe invitant l’œil à la micro-échelle, à l’appréciation de la maîtrise technique, avec la visite de l’école et de deux expositions, dont celle du moment, « Paradis d’Oiseaux », à découvrir jusqu’au 13 juillet 2019 : une sélection de broches oiseaux créées entre 1850 et 1960, issues de deux collections privées et des fonds patrimoniaux de Van Cleef & Arpels.
Au rendez-vous, plus précisément : l’oiseau évoqué à partir de la curiosité des contemporains emballés par les oiseaux de paradis, intrigués par la découverte d’espèces inconnues, mais également séduits par ses références culturelles, littéraires et symboliques. L’exposition s’ingénie à montrer le foisonnement stylistique de la représentation de l’oiseau. Son corps, son plumage et ses mouvements se parent de jeux de couleurs contrastées, de variations formelles, allant du naturalisme à la stylisation des lignes façonnées dans des matières de rêve : perles, diamants, émeraudes, saphirs, rubis, or, argent , émail… Des merveilles. Une effervescence créative de la joaillerie signée Van Cleef & Arpels, mais aussi par d’autres noms comme Pierre Sterlé, Gustave Baugrand, Boivin, Maison Chaumet ou Cartier, complétés par des pièces d’archives du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, du musée des Arts décoratifs et de Van Cleef & Arpels.
A ces pièces d’exception, se greffent des documents contextualisant l’essor de la représentation de l’oiseau dans le joaillerie dans les enjeux du moment. Est évoqué le lien pérenne de la représentation de l’oiseau dans joaillerie avec la mode. Dans les années 20, par exemple, où les chapeaux arborent la plume, les illustrations de mode s’emparent de la figure de l’oiseau de paradis : Marguerite Porrachia qui dessine des modèles pour la maison Jeanne Lanvin en 1920, signe un décor d’intérieur aux lignes épurées stylisées parant d’exotisme et d’élégance une femme avec son oiseau de paradis. Cet enthousiasme pour l’imaginaire incarné par l’oiseau donnera d’ailleurs naissance à un nouveau vocabulaire. Le « paradis » deviendra un chapeau. Ce lien entre la représentation de l’oiseau dans la mode perdure jusqu’à aujourd’hui : un message évoqué comme un clin d’œil par l’exposition d’un Eventail Ballon Plumes contemporain, réalisé en 2019 par la Maison Duvelleroy, fondée en 1827. Sa composition en marqueterie de caudales de paon sur couteaux d’autruche noire, avec une monture sur ébène rappelle la tradition artisanale d’excellence des métiers d’art qui perdure aujourd’hui.
De façon plus notable, l’exposition s’inscrit dans l’engouement initial pour la figure de l’oiseau avec l’avènement des premiers grands voyages d’exploration, qui mèneront à l’élaboration des bases de l’ornithologie, et du dessin naturaliste, devenu un objet de science et de prestige à partir du 17ème siècle. Toutes sortes d’oiseaux exotiques sont alors découverts au côté de ceux, plus accessibles, de la campagne ou de la forêt française. Se constituent des collections d’objets naturels. Etudié avec grande curiosité et minutie, l’oiseau donnera lieu à une représentation de références, aidée par une diffusion de la connaissance technique – notamment la lithographie.
Parmi les nombreux dessins exposés, devenus partie intégrante du travail scientifique de description réalisées à cette période , l’exposition met en lumière ceux réalisés à l’aquarelle sur vélin au rendu époustouflant, à savoir texturé, satiné, à l’image du Lophophore resplendissant de Nicolas Robert, datant du 17ème siècle – à voir en vrai, et de près ! Sans oublier les dessins à la gouache sur papier réalisés par Van Cleef & Arpels – et toujours pratiqués aujourd’hui – illustrant un procédé créatif au long cours : de l’art du dessin gouaché à celui de la réalisation de la pièce de joaillerie. En somme, un éloge du temps long, nécessaire à la réalisation du bel ouvrage. De quoi, pour nous, visiteurs, aiguiser notre œil à l’art du détail, et à la beauté du geste artisanal pratiqué par les artisans d’art, qu’ils soient dessinateurs ou joailliers.
Le site de l’Ecole des Arts Joailliers
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