Invitation à la métamorphose du vêtement en « une protection du corps » conçue comme un rassurant « cocon à porter », aussi sophistiqué que désirable comme des confections wagashi, ces jolis mini pâtisseries japonaises traditionnelles. Les silhouettes s’ingénient à métisser un héritage artistique oriental et occidental, harmonisant les lignes courbes, droites et brisées, réminiscence de la précédente collection automne-hiver 2019 explorant l’imaginaire du fragment. Dans l’archipel nippon, la créatrice japonaise découvrait alors les artistes potiers Yuki and Ryohei Yamamoto, à Arita, Saga. Et plus précisément des fragments de la plus ancienne porcelaine traditionnelle locale fabriquée il y a 400 ans, appelée la céramique Shogen Imari. De « l’aura que l’œuvre rayonnait », elle semble s’en inspirer encore. La collection estivale 2020 exhorte à méditer sur une garde-robe aspirant à la totalité de l’Un. Le monde intérieur s’accorde avec le monde extérieur imprégné de la mémoire des artistes, des matériaux nobles, tout autant que des choses du quotidien laissées en déshérence. Le confort allie les matières naturelles comme la soie aux pièces conçues à partir de PVC upcyclées couvertes d’une multitude de franges électrisant l’allure éthérée. Des centaines de pièces travaillées à la main ont donné forme à des vestes et chemises enveloppantes, arborant la beauté et la noblesse d’objets trouvés – des traces de vie passées sollicitant l’attention. Une manière d’enchanter le quotidien des objets inspirée du livre de Hideyuki Oka, publié en 1972, sur l’art japonais de l’emballage, et traduit entre les mains de la créatrice de mode par l’art d’envelopper le cœur. C’est une œuvre d’art textile finalement intemporelle qui lançait, ce jour-là, la Paris Fashion Week, le 23 septembre dernier, dans l’imposant bâtiment, créé en 1882, qui accueille la Faculté de Pharmacie de Paris.
photos courtesy of Mame Kurogouchi