BIENS PATRIMONIAUX : L’UNESCO SE JOINT AUX MARQUES DE LUXE DANS LA LUTTE ANTI-CONTREFAÇON



« En Grèce, Chanel a plus de valeur que l’argent liquide », titrait tragiquement un article du Washington Post. Une illustration concrète du statut patrimonial de certains produits iconiques des marques de luxe. Et de la nécessité de la lutte anti-contrefaçon – finançant le terrorisme – qui n’inquiète pas seulement les grandes maisons : l’UNESCO s’en mêle.

Saviez-vous que l’un des frères Kouachi, responsable des massacres terroristes de Charlie Hebdo en France, avait été financé par une entreprise de baskets contrefaites ? Le terrorisme vit de la contrefaçon. Et nous, dans les pays occidentaux, nous sommes ses clients, insiste Elisabeth Ponsolle des Portes, Déléguée générale du Comité Colbert. Dans le superbe musée Baccarat, à l’aube de la saison touristique estivale de 2015, l’UNESCO se joignait, pour la première fois, à présentation de la nouvelle campagne de la lutte anti-contrefaçon des marques de luxe organisée conjointement avec le Comité Colbert et la douane française. L’arme choisie : la défense du patrimoine par la promotion de la création.

Des produits de luxe devenus des biens patrimoniaux

Les produits de luxe devraient-ils donc être considérés comme des biens patrimoniaux ?  Il faut croire que oui. A ce titre, comme il est d’usage de vouloir préserver les biens patrimoniaux, pourquoi donc ne pas préserver l’aura d’une création d’exception made in France, plus particulièrement celle perpétuée par les fleurons du luxe regroupés au sein du Comité Colbert, une institution française qui rassemble des maisons du luxe et des institutions culturelles ?

C’est ainsi qu’il fut décidé de cesser de prendre à parti le consommateur de produits contrefaits et d’opter pour une pédagogie constructive à partir d’un message positif : « promouvoir la création, message fédérateur auprès des jeunes« , précisait Sydney Toledano, Président de la Commission Pouvoirs Publics du Comité Colbert, et Président de Christian Dior Couture.

N’est pas luxe patrimonial n’importe quelle marque qui le revendique.  Nous parlons ici de grandes marques de luxe, du moins celles qui sont distribuées à l’international et dont les intérêts sont défendus par le Comité Colbert dans le monde entier. En commun, elles sont confrontées au danger de ce pillage de la création et doivent assurer la pérennité des ateliers d’art et le patrimoine de demain.

L’ACCÉLÉRATION DU TEMPS :  FAIRE DU PRODUIT DE LUXE UN BIEN PATRIMONIAL IMMEDIAT GRÂCE À DES COLLABORATIONS ARTISTIQUES

Pourquoi donc attendre que le temps fasse son œuvre en transformant une belle pièce en une pièce vintage très prisée, mais après plusieurs années ?  Autant l’accélérer le temps et créer des produits de luxe iconiques destinés à devenir collectors sur-le champ grâce aux collaborations artistiques ?Comme la collection « icônes et iconoclastes » de Louis Vuitton en 2014.  Imaginez un peu : un sac au monogramme célébrant le 160e anniversaire de la maison mythique né de collaborations : Karl Lagerfeld, Christian Louboutin, Rei Kawakubo, Frank Gehry, Cindy Sherman ou Mark Newson. Un exemple parmi tant d’autres qui souligne la quête de rendre toujours plus mythique la création du produit, et lui donner une valeur patrimoniale.

.Au cœur de ces produits, dans les coulisses : une oeuvre au long cours imprégnée d’un précieux artisanat d’art, rappelait Sydney Toledano, sans oublier l’importance des archives des maisons. Après l’univers du luxe, ce jour-là, représenté par le Président de Christian Dior Couture, la réalité.  A Elisabeth Ponsolle des Portes, Déléguée générale du Comité Colbert et aux représentants de l’UNESCO de nous parler du pillage de biens culturels.

Le terrorisme EST financé par le marché de la contrefaçon

La responsabilisation de chacun est sollicitée. Elle est immense. On nous rappelle que l’un de frères Kouachi responsable de la tuerie à Charlie Hebdo avait financé son acte terroriste par un business de contrefaçon de baskets. Le terrorisme vit de la contrefaçon. Et ce sont les consommateurs des pays occidents qui en sont les clients, insiste Elisabeth Ponsolle des Portes. Nous donc.

L’UNESCO, qui célébrait le 10e anniversaire de la Convention sur la diversité des expressions culturelles, explique sa collaboration avec le Comité Colbert par la volonté de concevoir une campagne d’envergure destinée à être déployée sur plusieurs années, en phase avec l’enjeu, selon la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova : « Le vol, le pillage, le trafic illicite de biens culturels sont une négation pure et simple des peuples ». Et de conclure :  « La culture est un moteur de création, d’inspiration, de dépassement et chacun de nous peut aider à la faire vivre ».  Spécialiste du programme de la Division du patrimoine de l’UNESCO, Édouard Planche précise : « Notre démarche est motivée depuis plusieurs mois par les destructions et le pillage qui se déroulent au Moyen-Orient qu’on estime presque à l’équivalent en destruction de la seconde guerre mondiale. Un rythme de destruction et d’anéantissement de l’identité culturelle extrêmement préoccupant. Nous lançons cette campagne par le biais de la protection du patrimoine et la promotion de la créativité que nous espérons poursuivre avec nos actions avec le Comité Colbert à travers la lutte contre la contrefaçon et le trafic illicite de biens culturels ». Aujourd’hui, ajoute-t-il, en Syrie et en Irak, la plupart des sites du patrimoine mondial sont aux mains des terroristes.  Et de conclure :

« La lutte est devenue un enjeu de sécurité internationale car petit à petit, ce sont des ponts entre l’Orient et l’Occident qui sont en train de disparaitre ».  

Il est « fondamental » de faire passer le message de cette menace du patrimoine irakien, libyen et du Yemen, c’est un patrimoine commun. « C’est eux aujourd’hui, c’est peut-être nous demain,  la cause est commune et la lutte est engagée ». Angoissant à souhait, au-delà de l’impact du pillage de la propriété intellectuelle de biens commerciaux et culturels sur l’économie en Europe, rapporte Elisabeth Ponsolle des Portes : « En Europe, un emploi sur trois relève d’industries s’appuyant intensivement sur la propriété intellectuelle.  Protéger la propriété intellectuelle, c’est donc protéger l’emploi et permettre la croissance. Deux mots fondamentaux pour l’Europe, mais aussi dans le monde».  Autre chiffre mentionné : « En Europe, la propriété intellectuelle représente aussi 26% de l’emploi direct en Europe et 39% du PIB de l’Union Européenne ».

La campagne de la lutte anti-contrefaçon appelle chacun à s’engager

Mais concrètement, que cela signifie-t-il ? Promouvoir le patrimoine et la création revient à s’adresser aux acheteurs. Pour la contrefaçon des produits de luxe, ils se trouvent à Paris, Londres, Bruxelles et Genève. C’est dans l’économie du Nord que les acheteurs résident tandis que les biens patrimoniaux du Moyen-Orient sont demandés par des acheteurs du monde entier.

En 2015 et 2016, se déploiera la campagne de la lutte anti-contrefaçon dans les états membres et dans toutes les langues nationales si besoin. La France espère prendre le leadership pour convaincre les états membres dans le monde à se joindre à cette lutte pour la saisie de biens culturels trafiqués.  L’ambition ? Entreprendre des actions pour faire évoluer le droit Européen et international.

De quoi mieux comprendre, finalement, cette collaboration a priori étonnante, entre des entités si distinctes, marques de luxe et l’UNESCO.  Qui mieux que les marques de luxe pour médiatiser un message ?  Le hashtag #Engagespourlepatrimoineetlacreativite est lancé.  A faire passer donc car, même si cela nous semble bien peu, sachez, confie Édouard Planche, que sur place, en ce moment, au Moyen-Orient, experts et archéologues qui luttent pour la protection du patrimoine au péril de leur vie recherchent aussi le soutien des médias et de tout à chacun. Un réconfort pour eux.

 

 

 

 

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