LUXE ET MADE IN FRANCE : ANIMATION DE LA TABLE-RONDE PAR THE DAILY COUTURE



Pour cette édition de l’ Ethical Fashion Show organisée en partenariat avec LVMH, la table-ronde consacrée au luxe et aux savoir-faire made in France fut animée par The Daily Couture. Des questions soulevées qui résonnent encore en 2019.

Voici la retranscription des échanges lors de la table-ronde.  De nombreux propos y sont retranscrits afin de partager avec vous ce qui s’y est vraiment dit.  A la fin de ce billet, n’hésitez pas à écouter les deux échanges entre le public et nos intervenants.

Luxe et Made in France :

les savoir-faire de la couture aujourd’hui ?

Qu’en est-il des « savoir-faire » de la couture française aujourd’hui, cet artisanat d’art traditionnellement constitué d’un écosystème tissé de petits ateliers, et évoluant désormais dans un contexte d’industrialisation de la mode ?

En difficulté depuis une vingtaine d’années jusqu’à leur disparition redoutée aujourd’hui, ces savoir-faire font néanmoins parler d’eux à l’initiative du gouvernement, de la filière et des maisons de mode. Tous prennent acte du danger de leur disparition au sein d’une industrie du luxe très florissante, pilier de l’image de marque d’un savoir-faire et raffinement français rayonnant dans le monde entier.

Paradoxalement, des savoir-faire se perdent.  Le « style » règne. La créativité de certains produits du luxe repose parfois sur certains savoir-faire fragilisés et menacés de disparaître.  En même temps, l’éloge de la lenteur, du fait main, de l’authenticité et de la qualité  remettent l’artisanat d’art au goût du jour. Alors qu’en est-il du métier de l’artisan de la couture aujourd’hui ?

Les notions d’ouverture, d’adaptabilité, de travail en équipe et la nécessité d’ancrer la création artisanale dans une réalité économique en vue de satisfaire le client final ont résonné tout le long de notre discussion sur  le métier de l’artisan aujourd’hui.  Pour les Compagnons du devoir, dont l’association plusieurs fois centenaires est inscrite au Patrimoine Immatériel de l’U.N.E.S.C.O. depuis 2010, il est temps d’envisager l’artisanat d’art autrement qu’ « une pratique isolée, avec tout le romantisme qu’on peut lui attacher, seul face à son établi dans un petit atelier poussiéreux », souligne Grégoire Tallon, coordinateur Défi Innover Ensemble. Et d’insister sur la nécessité d’« inscrire des savoir d’excellence manuelle dans une  dynamique contemporaine, dans une économie actuelle et dans une réalité économique ».

des compagnons du devoir à l’ouvrage ©compagnonsdudevoir

A cet égard, le projet Défi Innover Ensemble, initié par les Compagnons du devoir en partenariat avec la Fondation J.M Weston, illustre la mission pédagogique d’« apprendre la rencontre, apprendre à travailler avec l’autre », une compétence  nécessaire pour réussir à travailler avec un styliste ou un designer, explique Florent Pottier, responsable de la Mission Innovation Projet.   Appuyant les propos de Grégoire Tallon, il cite, par exemple, la nécessité d’apprendre à traduire un dessin en vue de réaliser un prototype destiné à avoir une réalité économique, « la pièce manquante ».

Comment, dès en amont du projet, pense-t-on à l’utilisateur final, au client ? En intégrant le management de la mode, le marketing, le commerce dans un atelier de formation pour les compagnons. Ce fut la nouveauté de ce projet Défi Innover Ensemble réunissant des élèves issus de formation distinctes mais complémentaires : le métier de l’artisan, le métier du design (ENSCI) et celui du management de la mode (IFM).  Les étudiants ont travaillé en équipe et « non pas en cercle fermé sur l’enseignement et la formation traditionn elle des Compagnons ». De  la conception à la commercialisation du produit, en passant par sa fabrication et communication, ils ont mené à bien leur projet comme s’ils créaient une entreprise.

 

De même, pour Emmanuel Mathieu, directeur industriel de Louis Vuitton, « l’artisan n’est jamais accroché à un savoir-faire », il va « rester en permanence ouvert à ses clients » avec leurs demandes et les offres à leur proposer.  C’est cette « ouverture », insiste-t-il, qui a permis à la maison de connaître cette croissance des dernières années, voire depuis la création de la marque.  De layetier (métier ancêtre de malletier apparu dès le 16ème siècle et développé au 19ème siècle), Louis Vuitton est devenu malletier, plus maroquinier.

campagne Louis Vuitton collection automne hiver 2011- 2012 © LouisVuitton

 

« Effectivement c’est un vrai paradoxe, reconnait-il, de se dire qu’on doit offrir un service unique et un produit unique à des clients toujours plus nombreux ».

Comment y parvenir ?  « Au sein des manufactures de la maison regroupant les différents savoir-faire, chaque personne connait la relation qu’elle exerce avec son client, explique le directeur industriel. »  Cela nécessite un travail de formation souvent très long et une responsabilisation de l’artisan.  « Par exemple, le niveau de qualité est enseigné aux maroquiniers artisans, mais ils sont les seuls au monde à décider si le niveau de qualité correspond aux attentes du client.  Il n’y a pas de contrôle à la sortie,  chacun fait une œuvre qui correspond aux attentes des clients. Et à l’entreprise de bien enseigner ces attentes et de bien les communiquer. »  Par ailleurs, les maroquiniers travaillent en équipe, avec les créatifs, commerciaux et fournisseurs.

« La problématique numéro une est sans doute la relation avec les fournisseurs pour les aider à grandir et à se développer », confie Emmanuel Mathieu.  Un défi de Louis Vuitton ?  Celui des matières premières, notamment du cuir.  « On a la chance en France d’avoir des tanneries qui ont un veau extraordinaire, mais qui se fait à partir d’une matière première, l’animal : le veau.  Un de nos soucis est de trouver finalement le veau ». Comment y remédier ? En travaillant en amont avec les tanneurs, en incitant l’adoption des bonnes pratiques des conditions d’élevage, optimisant, par là-même, la productivité de la filière et l’usage optimal des peaux.

S’adressant à une clientèle de particuliers ou aux maisons de couture, les artisans d’art présents ont surtout insisté sur la nécessité de pérenniser leur savoir-faire.  Dans le cas du métier de tailleur sur mesure pour homme, « on ne peut pas parler d’évolution du savoir-faire, car cela voudrait dire qu’il y aurait une disparition des façons anciennes de faire. » Or ce n’est pas le cas, insiste Sania Monégier,  directeur du Centre de Formation de l’AFT (Association Formation Tailleur), créé à l’initiative de André Guillerme Guilson, Président de la Fédération Nationale des Maitres Tailleurs de France. Notons plutôt, nuance-t-elle, le développement du métier avec l’essor de la mesure ou demi-mesure industrielle – prise de mesures et choix des matières avec une fabrication industrielle.  Mais les 70 ou 80 heures de travail sont toujours nécessaires pour créer un tailleur sur mesure pour homme. Les méthodes de fabrication restent inchangées.

Boutique du Maître Tailleur Guilson ©photo Guilson

 

La notion d’ouverture de l’artisan aux autres pratiques créatives réapparaît sous un autre jour avec la créatrice de textile-tissage, Maité Tanguy, et son approche d’ « artiste – artisan » : deux façons d’exercer son expertise textile nécessaires pour nourrir sa créativité.  Quand les commandes des maisons de couture sont absentes, la créatrice reçoit ce temps libre comme « un cadeau » (ndlr : ce n’est pas le cas de la majorité des artisans qui souffrent de cette absence de commandes régulières).  Elle se consacre alors à la création de pièces destinées à des expositions en France, Amérique Latin et au Japon.

Et quid de la notion du travail en équipe pour l’artisane qui travaille seule ? Quand elle doit répondre à des commandes pour le prêt-à-porter avec, par exemple, 40 pièces à réaliser en 3 mois, le défi est difficile à relever pour la créatrice textile.  En urgence, elle sollicitera la contribution de tisserandes issues des écoles d’art textile à qui elle enseignera les gestes à réaliser pour la commande.  Sous le pouce,  elle se transforme en « chef d’entreprise » et enseignante le temps de réalisation de la collection.

Le Bigorneau Bleu (Naissance), 2008, Maité Tanguy, © Andréas Licht

Enfin les difficultés du métier de l’artisan sous-traitant sont désormais officiellement prises en compte par le gouvernement avec la création de la Médiation des relations inter-entreprises industrielles et de la sous-traitance, un dispositif national très récent, né des conclusions des Etats Généraux de l’Industrie en 2010, sous la tutelle du Ministère de l’Econonie, des Finances et de l’Industrie.  Ce lieu permet aux sous-traitants et industriels de tous secteurs en France d’exprimer leurs difficultés respectives avec le soutien d’un réseau d’expertise.  A ce jour, plus de 200 dossiers ont été créés, en un an et demi, tous secteurs industriels confondus.  Concernant le secteur du luxe, en avril 2010, une Charte de la médiation fut signée, la Charte des bonnes pratiques du luxe et de la mode.  Elle est issue, clarifie Nicolas Mohr, d’« un mouvement conjoint de souhaits de trouver des pistes d’ententes plus importantes : l’importance de travailler en réseau et en équipe».  Elle est « un code de conduite », « un échange réciproque » où il s’agit de cultiver « un souci d’indépendance mutuelle ». Cette charte « prend en compte la logique environnementale et l’importance d’ancrer la fabrication dans le territoire », et donc du made in France. Un système de suivi et d’évaluation est actuellement en route.

Signature de la Charte des bonnes pratiques du luxe et de la mode avec Christian Estrosi,  Chargé de l’Industrie, 14 avril 2010 © Christian Estrosi

 

Et à Emmanuel Mathieu de confier au sujet de «  l’humilité nécessaire à garder dans le travail avec les fournisseurs » que  « ce n’est pas toujours facile  parce que les intérêts se sont pas forcément immédiatement les mêmes, la compréhension des enjeux n’est  pas toujours la même ». Il insiste sur la nécessité d’aller au-delà d’un cadre juridique et de la déclaration d’intention pour se focaliser sur la mise en place des intentions, comme le reconnut Nicolas Mohr lui-même. « Je crois beaucoup au rapprochement et à l’ouverture et à la présence des uns et des autres dans les différents ateliers » affirme Emmanuel Mathieu. L’avenir des tanneurs est l’une des préoccupations majeures de Louis Vuitton « pour faire en sorte que les tanneurs puissent se développer et puissent vivre correctement. »

Afin d’assurer la pérennité de ces savoir-faire souvent en difficulté (ndlr : alors que la maroquinerie et l’horlogerie, dopées par la demande venue d’Asie, continuent d’embaucher, près de 100.000 emplois industriels dans le textile, la bijouterie et le cuir ont disparu en France entre 2000 et 2009, Le Monde, 26 juin 2011) comment se pose donc la question de la transmission des savoir-faire de la couture française, aujourd’hui, pour les intervenants, dans un contexte de regain d’intérêt pour l’artisanat d’art et du made in France ?

« La question de la transmission du savoir-faire du maître tailleur ne se posait pas, c’est pour cela que le Centre de Formation de l’AFT fut créé, explique Sania Monégier. Le problème majeur est la dévalorisation des métiers manuels depuis de nombreuses années.  Les jeunes ne sont pas orientés correctement et se retrouvent en CAP non par choix. « C’est une voix de garage la plupart du temps », conclut-elle. D’un autre côté, l’intérêt des jeunes adultes désireux d’apprendre ce métier après avoir fait des études supérieures est bien réel, mentionne-t-elle. Dans ce cas-ci, le CAP n’est pas adapté, car celui-ci délivre un enseignement généraliste inadapté à ces jeunes adultes ayant besoin de se spécialiser. Pour eux, motivés et passionnés, aucune formation n’existe. Le Centre de Formation AFT répond à leurs besoins de formation.

Le défi du centre de formation ?  Continuer à enseigner sans aide aucune. Bien qu’homologuée par l’état, la formation reste « un ovni » sans subvention et donc à la charge complète de ses fondateurs regrettant le coût de la formation pour les étudiants.

Boutique du Maître Tailleur Guilson ©photo Guilson

 

Ce même constat d’inadéquation entre les offres de formations à l’artisanat d’art et les besoins des étudiants est relevé par Maîté Tanguy.  En parallèle de son travail pour les maisons de couture,  l’artisane passionnée donne des cours au sein d’une association où elle gère difficilement  les demandes de cours trop nombreuses.  En créatrice textile d’exception et passionnée, elle est parfois sollicitée pour faire des conférences à l’étranger telle une ambassadrice de la haute couture française.

 

Ce qu’elle aimerait, insiste-t-elle, c’est la reconnaissance de l’artisanat d’art au sein des écoles d’art comme une troisième offre de formation au côté des cursus artistiques et ceux de la création industrielle.  « Entre deux, il n’y a rien », regrette-t-elle pour son métier.  Seuls des stages y sont présentés, et ceux-ci sont limités aux étudiants âgés de moins de 26 ans.  Règle incompréhensible selon elle, et tout à fait regrettable.

 

Reprenant la thématique de la diversité des profils des artisans d’art mentionnée par Maîté Tanguy, Emmanuel Mathieu explique la politique de recrutement de Louis Vuitton.  Outre les personnes formées à la maroquinerie, le personnel est également constitué de tous les profils et tous les âges.  A leur attention sont mis en place des tests de dextérité, des mesures du potentiel d’adaptation et d’ouverture aux évolutions technologiques ou celles liées au métier lui-même.  Enfin, la sélection se fait aussi sur l’aptitude à travailler en équipe et la capacité à apprendre, former, communiquer et échanger.  Les savoir-faire évoluent.

 

Emmanuel Mathieu cite cette maroquinière embauchée par la nouvelle manufacture dans la Drôme, et qui lui confiait : « j’étais très étonnée, je passe beaucoup d’entretiens, j’ai 53 ans et c’est la première fois qu’on embauche quelqu’un de plus de 50 ans dans la région, dans mon cas en tout cas ».  Pour réussir l’immersion des nouveaux maroquiniers, Louis Vuitton a mis en place un système d’apprentissage interne avec des « tuteurs » et « parrains » afin de compléter leur formation.  Un « parrain » enseignera les gestes plus complexes dans une relation plus personnelle. Entre le nouveau maroquinier et le plus expérimenté, la confiance pourra naître.  La qualité du travail s’en ressentira.  « On obtient des résultats incroyables où des personnes, après 6 mois d’ancienneté, commencent à participer à des tâches très compliquées qui nous paraissaient très difficiles à enseigner dans le passé, parce qu’on a rajouté à une couche technique une couche plus émotionnelle de l’engagement de la personne pour réaliser le produit qui sera le plus parfait. »

 

Pour les Compagnons du devoir la question s’articule surtout autour de  « la transmission d’un métier : des savoir-faire, bien sûr,  mais aussi « un savoir être » et  « un savoir y faire », rectifie Florent Pottier. Concernant les savoir-faire, la formation est basée sur le voyage et les 80% du temps passé en entreprise, en France et à l’international.  Parmi les 9000 jeunes se formant dans 27 métiers, 300 jeunes se forment dans un  métier du cuir. « Chez les compagnons, notre produit, c’est la formation. C’est un made in France de la formation, mais en réalité pas forcément un made in France de la production puisque le Tour de France cher aux compagnons est aujourd’hui un tour du monde.  Nous avons beaucoup de compagnons installés aux 4 coins du monde tels des ambassadeurs de notre savoir-faire. Après 5, 6, 7 ou 8 ans de formation, la plupart des jeunes sont le plus souvent amenés à travailler en bureau d’études, donc à développer des produits, et pas forcément la production de ceux-ci. La problématique du made in France n’est pas uniquement une problématique de production, c’est aussi une production de savoir-faire, de culture de métier. » Ces derniers points se retrouvaient également dans la nécessité, exprimé par Nicolas Mohr, pour les maisons de mode et les artisans sous-traitants de travailler davantage en réseau pour faciliter des échanges et exprimer plus fortement un made en France, c’est-à-dire « une culture forte ».

 

Indirectement, la Médiation s’implique  dans la transmission des savoir-faire, elle aussi, en valorisant la propriété intellectuelle et en informant sur ses modalités pour qui le demande. En outre, la médiation  renseigne sur les modalités de transmission d’entreprise. La question de la pérennité de l’artisanat d’art se pose aussi, et de façon récurrente,  au travers de la difficulté pour des petites entreprises à trouver une relève à l’artisan partant à la retraite.

 

Et à Sania Monégier de citer cette phrase retenue lors d’une de ses réunions sur l’artisanat d’art qu’elle défend. «  Le  monde entier nous envie nos savoir-faire en France, mais on ne sait pas les préserver, et c’est très malheureux ». Au sujet du savoir-faire du maître tailleur, Sania Monégier mentionne la nécessité d’informer le client et lui expliquer la cherté du produit. En effet, le terme de « sur mesure » protégé par la loi est devenu une expression très galvaudé aujourd’hui. Ce terme implique un travail artisanal complètement fait à la main. Il faut le différencier du travail « sur mesure » parfois proposé en vitrine et s’avérant, en fait, de la mesure industrielle.

 

Enfin, Emmanuel Mathieu confirme  « cette légitimité du made in France » « très forte », auprès des étrangers.  « Aujourd’hui, les clients du monde entier savent ce qu’est le made in France ». Pour le directeur industriel, le made in France est « une réponse esthétique, du bon goût ». Au sujet du nouveau label made in France appelé « Origine France Garantie », Emmanuel Mathieu admet que « le label va répondre à certains besoins », et qu’ « il ne faut jamais rejeter aucune initiative, toute initiative qui va défendre la présence française est louable en soi ».

 

Même si l’Union Française de l’Industrie et de l’Habillement (UFIH), l’Union inter-entreprises textile Lyon et région (Unitex) et la Fédération Française de la Chaussure (FFC) ont travaillé avec le soutien de la Médiation à la mise en place de ce label revu et corrigé, le directeur industriel le considère complémentaire au label Made in France déjà existant. Cette initiative, selon lui,  ne saurait répondre aux besoins de toutes les entreprises.  Tel qu’il existe aujourd’hui, affirme-t-il, « le label Made in France est compris de tous, il repose sur des règles comprises par tous, qui sont adoptées par l’industrie et surtout que connaissent nos clients, ça a une certaine force et un certain poids ».

 

« L’autre manière de défendre le Made in France, c’est de le rendre compétitif », avance le directeur industriel, citant la collaboration de Louis Vuitton avec  un tanneur de veau en Alsace. Ensemble, ils ont élaboré une méthode d’amélioration de la production du tanneur, une méthode s’apparentant aux pratiques déjà implantées chez certains fabricants automobiles. Il  fut le premier en France à faire cela.  Ce tanneur, conclut-il,  « a amélioré sa production en termes de capacité, régularité et qualité. »

 

On retiendra enfin cette anecdote citée sur le travail créatif, innovant et transversal de Louis Vuitton, rappelant le défi, en 2005, pour réaliser la ligne de sacs en toile Monogram Cerises sérigraphiées aux motifs de cerises créées par l’artiste japonais Tadashi Murakami. Le rouge intense de la cerise avait une tonalité qui évoluait selon sa position sur la matière… La maison eut alors l’idée de s’adresser à deux petites entreprises, des porcelainiers qui réussissaient à créer des motifs très fins sur des supports plats. Pour Louis Vuitton, ils réussirent à trouver le moyen de créer les motifs sérigraphiés très détaillés et très fins de la fameuse cerise sur les sacs de la maison.

 

Cette discussion autour des « petites mains » de la couture, comme les appellent les médias de la mode, nous a montré à quel point celles-ci ne se contentaient pas de créer dans un établi décontextualisé de l’environnement économique immédiat. Le rêve du luxe véhiculée par les marques et relayés par les médias de la mode nous ont habitués à une communication patrimoniale sur les savoir-faire frisant le mythe : le luxe semble intemporel. Aujourd’hui, la pratique des savoir-faire du luxe s’est montrée sous un jour plus réel et pluriel : fragile voire menacée, se remettant en question, initiant des projets, trouvant des solutions — dans tous les cas, allant de l’avant.

Question 1

Question2

par Stéphanie Bui

stephanie@thedailycouture.com

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