Ralentir, et capter l’instant présent – parfois décisif : tout un art, et parfois le fruit d’une pratique de l’entrainement de l’esprit aussi. Alors, quand le regard aiguisé du photographe se mêle au cheminement vers l’élévation de conscience d’un moine, on s’attend, à son corps défendant, à un supplément d’âme ! Et, à la Hune, il est bien là avec cette exposition « Un demi-siècle dans l’Himalaya ». Retour vers une beauté intemporelle de l’essentiel en ce mois de mars parisien où la ville bat la mesure selon le rythme effréné de la fashion week. S’imprégner du monde de Matthieu Ricard entre deux défilés de mode ! Sacré timing. Tout comme le timing de cette exposition enfin présentée après avoir été brûlée dans le tristement fameux incendie qui détruisit ce lieu du Paris mythique, avant de revenir sur le devant de la scène photographique en novembre 2018.
Il en aura fallu du temps pour recréer, au Japon, de nouveaux papiers Awagami réalisés dans les règles de l’art traditionnel, et redévelopper de nouveaux tirages rares made in Bretagne, sublimant cette série monographique en édition limitée, à découvrir à partir du 28 février jusqu’à l’été 2019. L’impact de ce minutieux travail de l’ombre ? La mise en lumière d’une beauté éthérée et fragile. Soit une grande cohérence et attention pour cette première présentation des photographies de Matthieu Ricard dans une galerie d’art désormais tournée vers l’exposition de grands noms de la photographie.
« C’est Matthieu Ricard en tant que photographe qui nous intéresse » insiste Alexandre de Metz, co-fondateur de YellowKorner, qui dirige la Hune, admiratif devant le photographe et « sa façon de capter l’instant décisif qui est juste unique ». « Cela fait cinquante ans qu’il fait de la photographie. Avant la méditation, il faisait de la photo. C’est vraiment son dada, j’ai envie de dire », explique celui qui travaille avec Matthieu Ricard sur des projets photographiques depuis douze ans. Avec YellowKorner, Alexandre de Metz a contribué à mettre en avant une oeuvre photographique née d’une proximité avec ses sujets et leur vie partagée au quotidien. Il réside principalement au monastère de Shéchèn en Népal. Moine bouddhiste depuis 30 ans, familier de la vie monastique bouddhiste, des communautés nomades et des paysages grandioses, il est proche de grands maîtres spirituels tibétains comme Dilgo Khyentsé Rinpotché dont le portait doit être exposé à chacune de ses expositions. Le seul impératif imposé par le photographe. De précieux enseignements incarnés par ce regard tourné vers le festival annuel de danse sacrée, depuis sa fenêtre du premier étage du Monastère de Shéchèn au Népal en 1985. Il sourit, le regard rassurant. Un « instant décisif » de toute beauté. Et l’unique portrait de cette exposition avant tout inspirée par une expression abstraite du paysage.
Rappelons que celui qui allait devenir le moine bouddhiste si médiatisé aujourd’hui se passionne pour la photographie depuis toujours. Il a côtoyé quelques grands noms de la photographie comme Henri Cartier Bresson pour qui : « La vie spirituelle de Matthieu et son appareil photo ne font qu’un, de là surgissent ces images fugitives et éternelles ». Ce souhait d’ « hymne à la beauté » – comme le moine bouddhiste et photographe le dit lui-même – , s’allie à une autre sorte d’hymne : celle de l’action bienveillante. Car Matthieu Ricard reverse l’intégralité de ses revenus – photographies, conférences et livres – à la Fondation Matthieu Ricard et Karuna-Shechen. Après 20 ans d’existence, l’association accompagne plus de 250 000 personnes chaque année en Asie dans le domaine de la santé, de l’éducation, de l’environnement, du social et envisage de développer des activités en Europe à l’attention des plus démunis.
En somme, une exposition qui fait du bien dans tous les sens du terme !
Exposition La Hune x Matthieu Ricard • « Un demi-siècle dans l’Himalaya » à partir du 28 février • Place Saint Germain-des-Prés, 16, rue de l’abbaye 75006 • Livre 40€
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