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Une immersion dans l’histoire des dessous féminins aussi instructive que terrifiante et drôle. Le documentaire « Les dessous ont une histoire » nous faire revivre la tumultueuse lutte pour l’émancipation du « sexe faible » par les dessous.

A dévorer des yeux les oreilles grandes ouvertes sur ARTE, « Les dessous ont une histoire », le documentaire réalisé par Marianne Lamour et diffusé dans le cadre de la semaine de la mode automne hiver 2011/2012. 

De la soumission des femmes à celle des hommes ?

Qu’elles soient peintes, filmées ou simples figures fantomatiques évoquées par leurs parures désormais entre les mains de collectionneuses, on s’imagine dans la peau de chacune de ces femmes. Avec elles, on revit les soumissions, souffrances et victoires jusqu’à celle-ci, si c’en est une – amorcée au début des années 2000 : le corps féminin en haut de l’affiche partout, exhibé, devenu arme de séduction et de prédation tenant à un fil, le string. Tout mini soit-il, le malin a trouvé le moyen de se faire voir et faire des ravages. La réalisatrice suggère en voix off et masculine, la frayeur des hommes devenus les « proies » de ces représentations du corps féminin occidental sexuellement conquérant en ce XXIème siècle. Son point de vue est clair : les hommes « fuient » désormais ces images de féminités prédatrices.

Ode au suspense

Que reste-t-il de l’imagination, de ce suspense de l’attente sexuelle quand de gigantesques représentations de corps féminins morcelés, sur-dimensionnés et donc érotisés s’exhibent par l’affichage publicitaire dans l’espace urbain ?, questionne implicitement le documentaire. Soudain, la vision d’ hitchcockiennes revient avec ce livre de Jean-Pierre Dufreigne, Le style Hitchcock où l’auteur explore le style du maître, et notamment ses mises en scène de la femme désirée : « Le suspense est comme une femme, confiait Hitchcock à Bernard Parkin. Plus elle laisse place à l’imagination, plus grande est l’émotion, l’attente. Le public est beaucoup plus effrayé par ce qu’il imagine que par ce qu’il voit réellement. Il n’y a pas de terreur dans une explosion seulement dans l’attente de celle-ci. Et l’attente sexuelle est de même nature » pour le réalisateur de film des années 50, explique l’auteur. Ces belles blondes habillées à la mode du New Look d’après-guerre, croulant sous le poids de plusieurs mètres de tissu, comme sous l’emprise des hommes encore, savaient néanmoins merveilleusement cultiver le mystère. Où est donc passé notre goût pour le suspense ? Se serait-il évaporé en même temps que nos dessous toujours plus invisibles ?

Pour y voir plus clair, le documentaire filme le point de vue d’une créatrice et celui d’une directrice d’un bureau de style. On nous affirme la fin de l’intimité du corps, voire la toute-puissance de celui-ci : « on sait bien que le corps est plus important que la tête ». Etrange de penser que des entrepreneurs s’en remettront à de telles prescriptions d’expert pour définir leur stratégie de marque. La réalisatrice réussit son coup. Après avoir traversé les siècles avec son regard parfois plein d’empathie pour ces femmes soumises ou d’admiration envers ces femmes du passé auxquelles nous devons notre confort du présent, la période actuelle s’avère la plus étrange, la moins lisible avec la mode des dessous dessus devenue une pratique vestimentaire en Occident en quelques décennies. Où cette histoire de dessous nous mènera-t-elle dans le futur ? Le documentaire nous laisse le soin d’y réfléchir.

dE LA LUTTE POUR LES FEMMES POUR PORTER LA CULOTTE…

Au cœur du propos de ce périple, on revit ce combat à peine croyable pour le droit des femmes à porter la culotte, usage alors exclusivement réservé aux hommes au moyen-âge, d’où l’expression lourde de sens « porter la culotte ». Les femmes, elles, ne portent rien. Les premiers témoignages du port de la culotte féminine se retrouvent pourtant sur des peintures de tombes de la région de Thèbes en Egypte aux environs de 1520 avant J-C, comme on le voit ci-dessous. Seules les esclaves et les prostitués en portaient, et non les femmes libres.

Au XIXème siècle, le droit de porter la culotte par la femme sera accordé sur décision de la Préfecture de Police sous certaines conditions, comme pour la femme cycliste ou plus tard, pour les bains de mer et les danseuses du French cancan. Un combat dont les femmes sortiront gagnantes en portant finalement le pantalon notamment sous l’impulsion de George Sand et Colette, les premières à le porter.

Parmi ces femmes féministes, on retient le combat et la créativité de la corsetière Hermine Cadolle, féministe et amie de Louise Michel et dont le savoir-faire est perpétué par Poupie Cadolle, la cinquième du nom, encore aujourd’hui, à Paris. On doit à Hermine Cadolle la possibilité pour les femmes françaises de se libérer du corset grâce à l’invention du premier soutien-gorge sur le territoire en 1889. Demeure tout de même une incertitude sur la paternité du tout premier soutien-gorge exprimée par Michel Monestier, auteur de Les seins, encyclopédie historique et bizarre des gorges, mamelles, poitrines, pis et autres tétons, des origines à nos jours, affirmant qu’ « aucune paternité de cette invention n’est nettement établie, car son concept fut inventé presque simultanément dans plusieurs pays industriels qui en réclament chacun l’invention. » Cette polémique a le mérite de rendre compte de l’enjeu de cette invention dans les tentatives de ré-écriture de histoire de l’émancipation des femmes par les dessous.

 
A gauche,Poupie Cadolle travaillant au Crazy Horse (photo du site www.cadolle.fr). A droite, Poupie Cadolle présentant le soutien-gorge signé par Hermine Cadolle.

Parmi les dessous dont nous sommes désormais épargnés, ceux-ci particulièrement contraignant pour les femmes et les hommes, et ainsi objets de caricature et satire en leur temps. Imaginez-vous un instant vivant pendant le Second Empire, vous désirez faire la cour à une femme….Entre elle et vous, une cage d’osier ou de métal enfermant le corps de la belle ! Le dessin ci-dessous montre le ridicule de ces situations. Ces cages contraignaient les mouvements des femmes transformées en meringues des plus rigides auxquelles la vie quotidienne devait s’adapter, et non l’inverse. On invente alors le fauteuil crapaud, le pouf, le canapé circulaire, tandis que les carrossiers doivent trouver le moyen de faire rentrer ces dames dans leur voiture.

En somme, un périple dans l’histoire des dessous avec ce documentaire que the Daily Couture vous recommande vivement !

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